
Le roi de la valse
Bien que son fils Johann Strauss II est plus connu, Johann Strauss senior a aussi beaucoup marqué la période romantique. Aujourd’hui, je vous propose de le découvrir.
Un début de vie compliqué
Johann Strauss, père, est né le 14 mars 1804 dans la taverne de son ascendant Franz Strauss. Elle se nommait « Au beau berger« . Cette bâtisse se trouvait à Vienne dans Leopoldstadt, aujourd’hui le deuxième arrondissement de la ville. Alors que Johann à un an son père meurt. Sa mère Barbara se remariera avec un dénommé Golder, cependant elle décède en 1811, d’une maladie et le garçon de sept ans sera élevé par son beau-père. Ce dernier l’enverra faire un apprentissage chez un relieur du nom de Johann Lichtscheild. Pendant ces temps libres, le garçon étudiera le violon avec Johann Polischansky.
À quinze ans, Strauss rentre dans l’orchestre de Michael Pamer. Là, il y retrouvera un ami qu’il s’est fait auparavant, Joseph Lanner. Ensemble, ils étudieront la musique au sein de cette troupe, cependant, Joseph Lanner en assez du chef d’orchestre et décide de créer le sien.

Création des orchestres
Quand Joseph Lanner décide de créer cet ensemble, ils ne sont que quatre. Lui, Johann et deux frères. Strauss propose de jouer des valses. Ce style se base sur une danse rurale. Le créateur n’est pas d’accord, il trouve ces chorégraphies trop osées. En effet, la valse fait voler les jupons des femmes et les corps sont collés l’un à l’autre. Malgré ses réticences, Lanner accepte quand même. Le groupe commence à se produire dans des bars de la ville ainsi que des bals. Or, les débuts sont compliqués et l’argent manque. Les repas sont maigres et afin de réduire les frais, ils partagent la même chambre et les mêmes vêtements. Après nombre d’efforts et beaucoup de travail, les concerts qu’ils donnent commencent à être appréciés à Vienne. Le groupe devient de plus en plus populaire à tel point qu’il évolue en un orchestre à cordes.
En 1822, Johann Strauss termine son apprentissage, mais il optera pour la musique, ainsi, il se plongera pleinement dans ce domaine qui le fait vibrer. Deux ans plus tard, il anime le carnaval de Vienne, c’est un réel succès et lui permettra de créer son propre orchestre. De par celui-ci, il fera jouer ses propres compositions. Cet homme à la chevelure noire et bouclée, au teint bronzé qui semblait lui venir des mers du Sud et au regard sombre et profond aime sa liberté. De plus, il ne semble pas ressentir de sentiments amoureux, du moins jusqu’à ce qu’il rencontre une femme.

La famille Strauss
Cette amante pour le nom de Maria Anna Streim. Elle est née le 30 août 1801 à Vienne. C’est la fille d’un cocher devenu aubergiste. Cette femme pratique la guitare, écrit des poèmes et peint. Les deux tourtereaux se marièrent et eurent six enfants nommés Johann, Joseph, Anne, Thérèse, Ferdinand et Édouard. Les deux premiers seront compositeurs comme leur père.
La carrière de Johann Strauss décolle de plus en plus. En effet, il donne des concerts en Allemagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Angleterre et aussi en Écosse, toutefois tous ses voyages nuisent au couple Strauss. Comme les absences sont régulières et longues, le mariage devient instable, si l’on ajoute à ça que l’homme ne veut pas que ses enfants fassent de la musique, un danger apparaît. Maria permet à Johann de pratiquer le violon et le piano en cachette, or quand ce secret est découvert, le père fouette le fils. Il prétend agir pour ce dernier, voulant le faire banquier. Cependant, d’autres prétendent qu’il avait juste peur qu’un ou plusieurs de ses enfants lui fasse de l’ombre, c’est ce qui arrivera.
La fin
Comme le couple va mal et qu’un fossé se creuse de plus en plus entre, lui, sa femme et ses enfants. Johann décide de prendre Émilie Trampusch comme maîtresse. La relation cachée commencera en 1834 et ensemble ils auront huit enfants, Emilia, Johann, Clémentina, Carl, Joseph, Maria, Thérésa, Wilhelmine et enfin Léopoldine. En 1837, Strauss père, par en France, pays qui jouera un rôle prépondérant pour sa popularité qui ne cessera de croître. Dans ce pays, ce seront des danses françaises de salon appelée quadrilles qu’il fera jouer pour la première fois. Cette aubade est une valse en quatre-temps au lieu de trois pour les autres. Bien que ce voyage français a fortement aidé à sa popularité, c’est vraiment en 1838, lorsqu’il joue au couronnement de la reine Victoria, qu’il obtiendra un grand prestige.
Deux ans plus tard, en 1840, Johann Strauss jouera au carnaval de Vienne. Là, ce sera la première fois qu’il jouera des quadrilles sur la scène autrichienne. Toutefois, il alternera aussi avec ses compositions, ainsi que des valses. Bien que sa vie professionnelle atteint des sommets, sa vie de couple, avec Maria, quant à elle, ne cesse de se dégrader, c’est pour cela qu’en 1842, ils décident de se séparer. Environ un an plus tard, Joseph Lanner, le meilleur ami de Strauss, meurt, ce sera un coup dur pour lui, c’est peut-être à la suite de ce décès que Johann décide de reconnaître les enfants qu’il a eus avec Émilie. De par cette décision, une très forte honte touche Maria, sa première femme, qui décidera de demander le divorce, elle l’obtiendra. C’est une chose exceptionnelle pour l’époque.

La révolte
Peu de temps après le démariage de ses parents, Johann Strauss fils, fait sa première grande scène au casino de Maier. Soutenu pleinement par sa mère qui veille à que son fils ai les meilleurs professeurs , le musicien alterne ses propres compositions avec celle de son père, d’ailleurs il l’invitera mais ce dernier refusera et ira jusqu’à boycotter l’établissement. Il essaiera même de détruire la carrière de son enfant, mais il échouera, bien au contraire, sa situation professionnelle commence à décoller et à faire de l’ombre à son père.
Cependant, celui-ci deviendra, en 1846, le directeur des bals de la cours d’Autriche de Ferdinand 1er. C’est le plus grand honneur pour un musicien dans ce pays. Toutefois, en 1848, c’est au tour de Johann junior d’obtenir un poste plutôt prestigieux, celui de la musique municipale de Vienne. Mais la révolution commencée en France, s’étendra en Autriche, et en mars de cette même année, une manifestation massive provoquera la chute du gouvernement Metternich, en effet, l’armée tirera sur la foule pour maintenir l’ordre. Cette constitution porte le nom du chancelier de l’Empereur Ferdinand 1er, Klemens Von Metternich. Lorsque l’autocrate abdique en 1848, ce sera son neveu de dix-huit ans, François 1er qui le remplacera.
L’opposition
Ce régime conservateur et réactionnaire, créera une nouvelle opposition entre le père et le fils. Alors que le père est un monarchiste accompli, le fils, quant à lui est révolutionnaire. D’ailleurs, ce dernier sera arrêté pour avoir joué La Marseillaise. Il sera emprisonné après la défaite de la révolution et perdra toute réputation. Il la regagnera en écrivant des marches en l’honneur du nouvel empereur. Johann Strauss, senior, pour sa part, composera une marche en l’honneur du maréchal Joseph Radetzky. Cet homme est célèbre pour avoir écrasé le printemps des peuples en Autriche. La marche de Radetzky sera l’œuvre la plus connue de Johann Strauss père.

Conclusion
Johann Strauss à quarante-cinq ans quand il tombe malade de la scarlatine. Il meurt le 25 septembre 1849 à Vienne. Le compositeur aura des funérailles grandioses qui seront suivies par un cortège de cent mille personnes. Il sera enterré dans cette même ville au cimetière Döbling aux côtés de son ami Lanner. En 1904, leurs restes seront transférés dans les tombes du zentralfraifed, appelé aujourd’hui parc Strauss-Lanner. Son fils, Johann Strauss II, récupérera son orchestre et le fera fusionner avec le sien. Ainsi, il dirigera plus de deux cents musiciens.
Bien qu’il ai écrit nombre de valses, cotillons, galops, quadrilles, polkas et accords, c’est la marche de Radetzky qui sera son œuvre la plus connue. Crée en 1848, elle est jouée au 1er janvier de chaque année depuis 1939 dans la salle dorée du Musikverein à Vienne. D’ailleurs, le concert termine toujours par cette marche militaire. Certes, il est peut-être moins connu que son fils, mais il aura tout de même marqué fortement le début de la période romantique. Hector Berlioz lui rendra hommage en disant « Vienne sans Strauss, c’est comme l’Autriche sans le Danube ». Son fils aussi, bien que son père lui interdisait de pratiquer la musique ne dira que du bien de lui, « il n’est pas dans mes intentions de me mesurer avec insolence au génie de mon père ».