Représentation d'un dessin de Tokugawa Ieyasu en armure de samourai. Elle est rouge, verte, violette et jaune. En arrière plan ce trouve des écritures japonaises.

L’ultime unificateur du Japon

Les deux premiers hommes à avoir unifié le pays du soleil levant sont Oda Nobunaga et Hashiba Hideyoshi, toutefois, des choses sont encore à faire. C’est Tokugawa Ieyasu qui va s’y atteler.

Début de vie

Fils de Matsudaira Hirotada, chef du clan Matsudaira, Tokugawa Ieyasu naît le 31 janvier 1543 au château d’Okazaki dans la province de Mikawa. Les Matsudaira sont une famille de guerriers qui disait descendre du clan Minamoto. Ce groupe a régné sur Le Japon pendant la période Kamakura (1185-1333). Le jeune garçon prend la route de la province de Suruga, fief du clan Inagawa pour y servir d’otage. Le but étant de sceller une alliance entre les groupes Matsudaira et Imagawa. Cependant, ayant vent de ce stratagème, Nobuhide, chef du clan Oda, intercepte le garçon et le kidnappe. Il demande à Matsudaira Hirotada de rompre son pacte avec les Imagawa sinon il tuera son fils. L’homme ne reviendra pas sur sa décision, bien au contraire. En effet, il insinue que si l’enfant est tué alors ce sera une bonne raison de garder cette alliance.

Nobuhide ne lui fera aucun mal, mais il sera l’objet de négociation pour ensuite être livré au clan Imagawa. En 1556, en restant sous la coupe d’Imagawa Yoshimoto, il rentre chez lui. Là, il se bat contre les Oda commandé maintenant par Nobunaga. Il fait preuve de ses compétences de tacticien et ce fait progressivement un nom. Quatre ans plus tard, Yoshimoto est tué à Okehazama et laisse son clan affaibli. Ieyasu profite de cette occasion pour retrouver sa liberté. Par la suite, il s’allie avec Nobunaga et participe aux campagnes d’unification du Japon.

Représentation de la statue de Tokugawa Ieyasu. Il est habillé d'un kimono et porte un katana à la taille.
Statue de Tokugawa Ieyasu. Source : https://www.flickr.com/photos/dbooster/5191015404

Un adversaire redoutable

Mais tandis que Ieyasu prend possession d’une bonne partie des terres des Imagawa, une province lui échappe. Suruga et entre les mains du clan Takeda. Les deux groupes rentreront en conflit lors de la bataille de Mikata-Ga-Hara en 1573. Durant ce combat, Takeda Shingen lui infligera une grosse défaite. De peu, il échappera à la mort et évitera par la suite les confrontations directes avec lui. Cet homme est l’un des plus brillants généraux de son époque. Cependant, quand il meurt, son fils Katsuyori prend sa relève. Il sera vaincu par Tokugawa pendant la bataille de Tenmokuzan en 1582 et se fera le seppuku.

Quelques années plus tard Akechi Mitsuhide contraint Oda Nobunaga, le premier unificateur du Japon à la mort et tente de prendre le pouvoir. Ieyasu ne peut rien faire, il se trouve aux environs d’Osaka et n’est pas en mesure d’affronter les troupes de Mitsuhide. Il se retire sur ses terres où, après avoir consolidé sa position dans les provinces de Shimano et Kai, récemment annexées, se prépare à marcher sur Akechi. Toutefois, Toyotomi Hideyoshi lui fait savoir que son aide n’est pas nécessaire. En effet, il mettra fin au coup d’État lors de la bataille de Yamazaki.

Un conseil constitué

Bien que les deux hommes aient de bonnes relations, Ieyasu accordera son soutien à Nobokatsu. L’homme veut tenter de récupérer le pouvoir. Cependant, malgré cela en 1590 Tokugawa, participe aux côtés d’Hideyoshi à une campagne visant le clan Hojo. Celle-ci est une réussite et afin de le remercier, Toyotomi lui offre les huit provinces du Kanto en échange des cinq qu’il possédait au centre du Japon.

Certes, ce sont des contrées plus riches cependant, elles sont plus éloignées de la capitale, Kyoto. Cette distance fait que les positions sont affaiblies, mais aussi moins contrôlée. En effet, la famille de l’homme n’a aucun lien traditionnel avec la région. Malgré ces points négatifs, il acceptera tout de même la proposition, car un refus signifierait une guerre contre Hideyoshi. Tokugawa Ieyasu, s’installera à Edo, aujourd’hui Tokyo où il bâtira un grand château. D’ailleurs, pour ce faire, il devra aplanir les collines, combler des marais et construire des canaux pour assurer le transport de l’eau potable.

Lorsqu’Hideyoshi sent sa fin proche, il crée un conseil de régence constitué des cinq plus puissantes figures du pays. Le but étant de diriger le Japon jusqu’à la majorité de son fils, Hideyori. Toutefois, après la mort du premier, les cinq régents se disputent entraînant avec eux le pays. Cet état sera coupé en deux. D’un côté, il y a Tokugawa Ieyasu et ses partisans, de l’autre, les forces fidèles au clan Toyotomi.

Représentation de l'emblème du clan Tokugawa. Un cercle vert avec six feuilles qui forment un cœur
Emblème du clan Tokugawa. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Clan_Tokugawa
Représentation de l'emblème du clan Toytomi. Un rond jaune avec trois fleurs et trois feuilles en noires.
Emblème du clan Toyotomi. Source : https://www.honga.net/totalwar/shogun2/faction.php?l=fr&v=shogun2&f=toyotomi

Le changement

Ainsi, une opposition se crée autour d’Hishida Mitsumari, un daimyo d’Hideyoshi Toyotomi. Celui-ci fédère une armée à l’Ouest alors que Ieyasu s’allie avec des clans de l’Est. Le 20 octobre 1600, la bataille de Sekigahara débute. Ce sont deux armées de plus de cent quatre-vingt mille hommes qui s’affrontent. Ieyasu propose des terres aux daimyos ennemis qui voudraient le rejoindre. Pour convaincre les indécis, il leur tire dessus au canon. Le clan Kobayakawa trahira les armées de l’Ouest pour rejoindre celle de l’Est. Tokugawa, sort de cette bataille en vainqueur et s’impose comme le nouveau maître du Japon.

Par la suite, il confisque les terres des daimyos qu’il considérait comme des ennemis implacables. Il en garde une partie et donne l’autre à ses partisans. Certains seigneurs de guerre seront aussi capturés, tués ou poussé au suicide. Ieyasu affaiblira d’autres chefs en les éloignant de leur région traditionnelle afin de les installer sur de nouvelles terres.

En 1603, l’empereur lui accorde le titre de Shogun et met en place le Bakufu Tokugawa dans la ville d’Edo. Elle sera la capitale de son shogunat. Kyoto est le siège de la cour impériale ainsi que de l’empereur, ce dernier bien que maître du Japon reste sous la coupe du clan Tokugawa. C’est une nouvelle époque qui s’ouvre, l’époque Edo. Le gouvernement que le groupe va mettre en place sera la troisième administration guerrière de l’histoire du Japon. À ce moment, c’est 30 % du pays qui est contrôlé par les Tokugawa, le reste étant entre les mains des familles daimyos locales.

Diverses réformes

Pour que la paix dure dans ce Japon unifié, une série d’actions radicales seront mises en place. Tout d’abord, l’État sera réorganisé et les daimyos devront obligatoirement vivre à Edo un an sur deux. Les familles seront prises en otage dans la capitale afin d’empêcher une quelconque rébellion. Les ports et les mines seront sévèrement contrôlés pour assurer la maîtrise du système monétaire. De plus, le pays sera coupé du monde hormis quelques contacts avec La Corée, La Chine et La Hollande qui assurent le commerce. Ajoutons à ça que chaque étranger qui poserait le pied au Japon sera condamné à la peine de mort. Pour finir, le clan Tokugawa va réussir à imposer la succession héréditaire qui assura une certaine stabilité. Toutes ces réformes permettront au pays d’entrer dans une des périodes les plus prospères de son histoire.

Cette parenté donnera le droit aux familles de gouverner dans leur région locale en échange de leur reconnaissance au niveau national envers l’autorité de Tokugawa. Ce dernier a créé un système dans lequel il y avait trois types de familles de daimyos. Ce sont donc les familles Shimpan, groupe directement lié aux Tokugawa, les Fudai qui avaient été alliés aux Tokugawa avant la bataille de Sekigahara et les lignées Tozama rivaux des Tokugawa qui seront crées. Alors que ces derniers ne peuvent pas occuper de fonctions, les familles Fudai quant à elles, possédaient des territoires généralement petits mais situés dans des endroits stratégiques. Ceux-ci étant le long des routes principales. De plus, les guerriers de ces tribus peuvent occuper des fonctions au sein du Bakufu.

Plusieurs politiques

Certaines dispositions visent cependant à limiter le pouvoir des daimyos. Ainsi, les tailles des armées sont restreintes. Ces guerriers ne peuvent posséder qu’un seul château sur leur territoire et chaque réparation doivent être approuvées. Un système de classe héréditaire à quatre niveaux et aussi crée. Au sommet, les guerriers, ensuite les agriculteurs puis les artisans et enfin les marchands. Via ce système, Ieyasu et ses successeurs peuvent maintenir l’équilibre du pouvoir en faveur de la famille Tokugawa.

Durant l’année 1605, Ieyasu abandonne le titre de Shogun pour le donner à son fils Hidetada. Il veut établir le principe selon lequel les Tokugawa ont un droit héréditaire au poste de Shogun. Cependant ce n’est pas la seule raison, en effet, il veut aussi se libérer des tâches quotidiennes qu’exigeait ce poste. Ainsi, il peut se concentrer sur la consolidation du pouvoir de la famille Tokugawa. Ieyasu part s’installer à Sunpu dans l’actuelle préfecture de Shizuoka. Là, il établira un gouvernement fantôme qui lui permettra de continuer à gouverner le pays.

Représentation d'une carte du Japon en vert montrant la préfecture de Shizuoka en rouge.
La préfecture de Shizuoka au Nord-Est du Japon. Source : https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Map_of_Japan_with_highlight_on_22_Shizuoka_prefecture.svg

L’ultime bataille

Bien que Ieyasu est installé dans le Nord-est du Japon, il lui reste un dernier combat à mener. En effet, prétextant un projet d’assassinat contre lui, il attaque, en 1615, le château d’Osaka. Dans cette bâtisse, se trouvent les partisans du fils d’Hideyoshi, Hideyori. L’homme venait de le reconstruire et y vivait avec sa mère. Les troupes de Tokugawa incendie le château et les deux meurent dans les flammes.

Un an plus tard, en 1616, Tokugawa Ieyasu décède à soixante-quinze ans. Un mausolée spectaculaire fut construit à Nikko dans l’actuelle préfecture de Tochigi au nord de Tokyo. Son esprit y sera consacré. En 1868, le shogunat Tokugawa ainsi que l’époque Edo se terminent. De cette année, jusqu’en 1912, l’ère Meiji verra le jour et fera basculer le Japon dans l’âge de l’industrialisation.

Au final, il aura fallu une trentaine d’année à Oda Nobunaga, Toyotomi Hideyoshi et Tokugawa Ieyasu pour que le Japon réussisse à se sortir des guerres civiles de l’époque Sengoku. Celle-ci est considérée comme une transition entre l’ère médiévale et moderne. Elle a vu apparaître des armes à feu, le développement des villes marchandes, les réformes fiscales ainsi que la restructuration des pouvoirs. Toutes ces actions menées entre 1593 et 1603 ont permit de poser les bases d’une société qui n’a fait que d’unifier de plus en plus Le Japon afin qu’il devienne le pays que l’on connaît aujourd’hui.

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