La succession pour l’unification

Lorsqu’Oda Nobunaga met fin à sa vie avec le seppuku, c’est un de ses plus fidèles généraux qui prend la relève. Toyotomi Hideyoshi, c’est son nom, continuera l’œuvre de son maître et mènera à bien son projet. Le Japon sera unifié. Ici, nous allons voir qui était cet homme.

Une jeunesse presque inconnue

L’on sait peu de chose de Hideyoshi et de sa vie avant qu’il ne rejoigne l’armée d’Oda Nobunaga. Néanmoins, il y a quelques renseignements qui ont pu être trouvés. Le garçon naît le 18 septembre 1537 à Nakamura-Ku, ville située à Nagoya dans la préfecture d’Aichi, au Japon. Fils d’un paysan nommé Yasuke qui le baptisera Hiyoshi-Maru, soleil bienfaiteur, il est issu des basses classes et vit durant l’époque Muromachi qui va de 1336 à 1573 et aussi à l’ère Azuchi Momoyama, de 1573 à 1603.

Quand il a huit ans, le garçon perd son père et sera élevé par son beau-père employé chez Oda Nobunaga. Ayant un caractère récalcitrant, il sera envoyé dans un temple pour être éduqué, mais en sera expulsé pour cause d’indiscipline. Ensuite, il ira chez un forgeron, mais là aussi, il sera renvoyé pour le même motif. Ainsi, ce seront diverses places qu’il aura cependant, Hideyoshi n’y restera pas plus d’un mois. Il mènera une vie de vagabond jusqu’à ses vingt ans.

Début de carrière

Dans sa vingtième année, il devient domestique de Matsushita Yukitsuna, un des lieutenants d’Imagawa Yoshimoto, un daimyo de la province de Suruga. Il y restera quelque temps jusqu’à qu’il entre au service d’Oda Nobunaga. Le premier unificateur du Japon. Ainsi, en 1554, Hideyoshi doit superviser la construction du château de son maître à Kyosu. En effet, l’édification est lente, trop pour Oda qui souhaite y emménager bientôt. L’homme fait accélérer le chantier et en quelques jours, la demeure devient habitable. Grâce à cette réussite, il prendra le nom de Tokichi Takayoshi.

Hideyoshi est doté d’un certain génie militaire qui lui permettra de gravir les échelons et ainsi de rentrer dans l’histoire après la victoire de Nobunaga sur les clans Asakura et Azai. Par la suite, il se verra confier plusieurs districts de la province d’Omi, à ce moment, il arbora le nom d’Ashiba Hideyoshi. Envoyé à l’ouest pour conquérir la région du Chigoku contrôlée par le clan Mori, il entrera en 1582 dans la province de Bitchu. Là, il assiégera le château Takamatsu. Pour ce faire, il détournera une rivière pour inonder la bâtisse. En apprenant la mort de Nobunaga, il quitte les provinces de l’ouest pour venger son maître. Il rencontrera l’ennemi à Yamazaki. Mitsuhide, l’homme qui a monté le coup d’État contre Nobunaga, ne survivra pas à l’affrontement. Grâce à cette victoire, il gagnera en popularité.

La reprise du flambeau

Afin de poursuivre l’œuvre de son prédécesseur, il élimine les potentiels rivaux, notamment les fils d’Oda lui-même. En effet, Hideyoshi convainc aussi certains anciens du clan de soutenir Hidenobu, le petit-fils de Nobunaga, mais Nobutaka s’oppose à lui, or, son armée est vaincue et ce dernier se fait le seppuku. Sous sa protection, il réunira plusieurs grand daimyo dont Ieyasu avec qui il s’était querellé tout comme avec Nabukatsu pour le pouvoir. Cependant, les trois hommes qui avaient un objectif commun firent la paix pour l’unification du Japon.

Sous son autorité, les territoires s’agrandissent et il obtient le titre de Kanpaku, grand chancelier en 1585. Ensuite, ce sera celui de daijo-daijin, ministre des affaires suprêmes qu’il gagnera. Cependant, bien qu’aux yeux de l’empereur, Hideyoshi soit légitime, ce n’est pas pour autant qu’il est Shogun, toutefois, cela ne l’empêchera pas de soumettre d’autres territoires comme ceux des clans Satake, Hojo, Suzuki, etc. C’est entre 1585 et 1590 qu’il accablera tous ces camps.

Durant cette période, il fera aussi construire un immense château à Osaka pour surveiller la capitale impériale et asseoir son pouvoir. Ainsi, en 1590, Le Japon est sien. Il fera déplacer les daimyos et confisquera leurs domaines afin d’éviter toute contre-attaque. De plus, il prendra le nom de clan Toyotomi, même appellation que l’empereur Go-Yozei, accordera à l’homme. Il deviendra Toyotomi Hideyoshi et sera considéré comme un Kuge, un aristocrate ou noble de la cour. La deuxième phase de l’unification est achevée. Il adoptera le kirimon comme armoirie, d’ailleurs ce logo est encore aujourd’hui le sceau officiel du Premier Ministre en fonction bien que le clan soit éteint.

Les grandes réformes de Toyotomi

Définitivement, il met en place le taiko-kenchi, c’est-à-dire l’arpentage et le cadastre. L’arpentage est une technique qui permet de mesurer les terres agricoles. Les résultats obtenus sont référencés dans le cadastre, un registre. Il met aussi en place le katana-gari, appelée chasse aux sabres, cet amendement a pour but de confisquer les armes aux paysans. De plus, les déplacements hors de la province deviennent interdits, l’objectif étant d’attacher le paysan à la terre. Il s’en suit une séparation entre les guerriers et les paysans. Chaque homme devra choisir entre le statut de paysan ou celui de samouraï, en effet comme le guerrier ne peut pas travailler la terre, il devra se rendre dans la ville du daimyo pour le servir.

Ces différentes réformes structureront la société japonaise pour les siècles à venir. Toutefois, cela fait plusieurs années qu’Hideyoshi voit d’un mauvais œil les missionnaires chrétiens qui commençaient à influencer la population, il continuera donc de les expulser allant jusqu’à faire crucifier les vingt-six martyrs de Nagasaki sur une colline de la ville. Ils étaient presque tous Japonais. Cet acte public aura pour but de décourager les conversions au Christianisme à l’intérieur du peuple. Cette décision ouvrira une série de violentes persécutions qui dureront jusqu’en 1637.

Bataille finale

Beaucoup de changements en une année, mais ce ne sera pas tout. En effet, bien qu’il considère le pays comme sien, l’unification n’est pas encore réellement finie. Il faudra deux ans à Toyotomi pour la terminer totalement. Toujours en 1590, il lancera le siège d’Odawara. Ainsi, ce sont deux cent mille hommes mené par lui-même qui tiendront pendant trois mois l’encerclement. Après cette période, les troupes s’infiltreront dans le château et les dirigeants du Clan Go-Hojo se feront le seppuku.

En 1592, il cède la place à son fils adoptif, Toyotomi Hidetsugu. Avec cent mille hommes, il marchera sur Nagoya, ville située dans l’ancienne province d’Hizen et ainsi, achèvera l’unification. Cependant, Hideyoshi veut fonder un empire, il décide donc d’envahir La Corée. La guerre d’Imjin commence et durera six ans. Années durant lesquelles, La Chine viendra prêter main forte à La Corée. Presque vaincue les troupes du Japonais qui n’en faisait pas partie, revient sur l’île. À cause de cet échec, l’autorité de Toyotomi est affaiblie et les finances sont au plus bas.

Fin de vie

Lorsque son second fils, Hideyori naît en 1593, Hideyoshi accuse son fils adoptif Hidetsugu de trahison. En effet, il souhaite donner le pouvoir à son fils légitime. Hidetsugu déshonoré se fait le seppuku. Les années passent et Toyotomi continue toujours ses actions cependant, il sent que sa fin est proche. Il décide dont de confier son fils Hideyori, désigné comme héritier exclusif aux cinq sages appelés Go-Tairo. Ce sont des chargés d’affaire d’état importantes. Un autre conseil est créé, celui des cinq Bugyo. Ces personnes sont chargées des affaires administratives.

Toutefois, une lutte pour le pouvoir éclate entre les régents et le plus puissant des daimyos, Tokugawa Ieyasu se passe en continuateur des deux unificateurs précédents, Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi après la bataille de Sekigahara en 1600. Hideyoshi meurt le 18 septembre 1598 d’une maladie à l’âge de soixante-et-un ans dans son château de Fushimi. Il est enterré au cimetière d’Okuno-in.

Apparitions

De par sa propre histoire qu’il a fait rédigé jusqu’en 1592, Toyotomi Hideyoshi a été le sujet de plusieurs œuvres en littérature comme dans Shiba, Ryotaro : Hideyoshi, seigneur singe. Paris, éditions du Rocher, publié en 2008. Un roman historique. Ou dans Toyotomi Hideyoshi, le rêve du singe, écrit par Charles-Pierre Serain et édité aux éditions Centon en 2018. Là, encore, c’est un roman historique.

Ces deux ouvrages font référence à un singe. En effet, Hideyoshi avait plusieurs noms que l’on a pu voir tout au long de cet article, mais il a aussi été connu sous le surnom de Saru Kuanja, singe serviteur ou tête de singe à cause de sa laideur et d’hage nezumi qui veut dire rat chauve. S’ajoute à ça le fait qu’il avait six doigts sous la forme d’un pouce supplémentaire à la main droite. Un détail rapporté par Maeda Toshiie dans son ouvrage Kokuso Yuigon ainsi que par le père Luis Frois qui fit partie de l’entourage de Nobunaga, nous pouvons en déduire que ce ne fut pas simple pour lui. D’ailleurs, il a été surnommé Six à cause de cette particularité.

Cependant, hormis la littérature, Toyotomi est aussi apparu dans l’univers de la filmographie, plus précisément dans l’anime Sengoku Otome où il tient la place du personnage principal ainsi que dans les jeux vidéo. L’homme est la figure emblématique de la série de Capcom, Sengoku Basara. Il y est apparu dans plusieurs titres tels que Sengoku Basara, Sengoku Basara II et II : Heroes ainsi que d’autres. Il apparaît aussi dans les quatre épisodes de la saga Onimusha, une autre série de Capcom.

Conclusion

Toyotomi Hideyoshi a choisi de poursuivre l’objectif de son maître Oda Nobunaga, l’unification du Japon. Après plusieurs batailles abouties, il y arrivera et bien que son dernier combat, l’envahissement de La Corée fut un échec, il a réussi marqué le Japon. Toutefois, il restait encore des choses à améliorer et d’autres à créer afin que le pays du soleil levant devienne l’empire dont rêvait Nobunaga. Ce sera Tokugawa Ieyasu qui, après la bataille de Sekighara, s’y attellera.