Représentation d'une peinture de William Wilberforce

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Un homme contre l’esclavage

Personnage central des abolitionnistes en Angleterre, William Wilberforce à contribuer fortement à la fin de l’esclavage en Grande-Bretagne. C’est après un combat de 40 ans qu’il réussira à le faire.

Sa jeunesse

le 24 aout 1759 sur un port de la mer du Nord, à Hull, Wilberforce est issu d’une famille prospère de marchands. Malgré sa santé déficiente, il montre très jeune une vive intelligence et une grande faculté d’éloquence.

À neuf ans, il perd son père et se voit confié à un oncle et une tante. Leur influence spirituelle lui sera décisive pour son futur. Plus tard, sa mère viendra le rechercher. Elle le placera dans une institution à Pocklington, une ville du Yorkshire de l’Est.

À 17 ans, il rentre au St John’s College à Cambridge. Là, il devient ami avec William Pitt dit Pitt le jeune surnom qu’il obtiendra, car il deviendra le plus jeune premier ministre de Grande-Bretagne. Lorsque son grand-père et son oncle meurent, il passe à la tête d’une grande fortune. Il se met à négliger ses études, mais doté d’une ambition féroce, il se présente aux élections générales qu’il remporte.

Représentation d'une photo de la ville de Hull, située en Grand-Bretagne
Hull située en Grande-Bretagne

Le parcours politique de Wilberforce

C’est à vingt et un an qu’il entre a la chambre des communes ou il soutient le gouvernement de son ami Pitt. De par sa fortune, il sera introduit auprès de John Newton et de George Whitefield. Ce dernier est l’une des grandes figures avec John Wesley du réveil méthodiste en Angleterre. Ensuite, quatre ans plus tard, il sera réélu au siège du Comté du Yorkshire ce qui impliquera de s’investir dans une campagne électorale conséquente. De par un début de carrière politique prometteur et des liens spécifiques privilégiés avec le chef du gouvernement, William Wilberforce aspire à une belle carrière. Cependant, en 1785, un événement considérable survint, il se reconvertit à l’antichristianisme.

Une reconversion méthodique

Mot utilisé dans un sens cartésien, pour William, la conversion est la soudaine compréhension des paroles de la bible. En effet, l’homme pense que la bible s’adresse personnellement à lui. Les paroles du livre, affirment que si ces hommes pêcheurs et perdus devant Dieu, se repentissent et croient au Christ, cela changera.

L’ouvrage énonce, que lui, William Wilberforce est égaré à moins qu’il ne se repentît. Compréhension holistique, car il touche toute la personne y compris ses affects. De surcroît, il est profondément chagriné par son état de pêché. De plus, regrettant d’avoir tant tarder pour se repentir, il est énormément reconnaissant quand il se tourne vers le Christ. Un amour immense qui deviendra le moteur de sa vie privée et politique. Celui-ci le suivra toute sa vie. Il en parlera avec son ami qui prendra tout cela au sérieux. Par ailleurs, Pitt, ne lui recommandera aucunement de se retirer des affaires, car le christianisme n’amène pas seulement à la méditation, mais à l’action. Alors, en 1787, il créera la proclamation Society, société qui deviendra en 1802 la Society for the Suppression of Vice, la société pour la suppression du vice.

Représentation du portrait de William Wilberforce.
Portrait de William Wilberforce. Source: sciencephoto.com

L’atmosphère de l’Angleterre

Pour commencer, il est important de faire un point sur le contexte de la Grande-Bretagne lors de la vie de Wilberforce. En 1760, la population se concentre dans les villes ou s’accroît la mécanisation et l’augmentation de la production. Tout ceci palpite au cœur d’une société marquée par l’esprit d’initiative et le goût de la nouveauté.

Le pays se trouve au premier rang de l’économie mondiale dès le début du dix-neuvième siècle. Malgré les années de prospérité, les temps sont durs pour la classe ouvrière et les esclaves. Ainsi, la révolution économique se passe dans de nombreuses souffrances. Le développement constant des colonies et des activités commerciales rapporte du Sud non seulement des matières premiéres indispensables, mais aussi de nouveaux marchés. Sans compter, que cela s’effectue sur le dos d’une main d’œuvre. À celle-ci, aucun droit ne leur était octroyé. De par la création de William, cela va changer, ce sera le premier acte d’un engagement durable en faveur de la réforme des normes politique.

L’approche des abolitionnistes

Il faut dire que depuis des années, les Quakers, la société religieuse des amis fondée au dix-septième siècle, milite pour l’abolition de la traite des noirs. Alors que Granville Sharp, un savant britannique convertit au christianisme, remporte une première victoire juridique et que Thomas Clarkson, un abolitionniste Anglais anglican se préparait à parcourir les ports de Grand Bretagne à la recherche de preuve sur l’inhumanité du trafic, un porte-parole manquait au gouvernement. La société et les deux hommes se tournent donc vers Wilberforce qui, après avoir été encouragé par son ami le Premier ministre accepte de les rejoindre.

Ainsi, durant l’année 1788, il présente, en lien étroit avec Clarkson, des arguments à une commission privée. Le 12 mai 1789, il prépare et présente à l’assemblée un projet de loi qu’il défendra lors d’un célèbre discours. Lors de celui-ci, il y avait un rassemblement d’un certain nombre de députés libéraux. Par contre, ses collègues conservateurs opposés à l’abolition étaient aussi présents. Finalement, son projet fut rejeté.

Représentation d'un portrait de Granville Sharp.
Portrait de Granville Sharp. Source: commons.wikimedia.org
Représentation d'un portrait de Thomas Clarkson
Portrait de Thomas Clarkson. Source: commons.wikimedia.org

Persévérance et investissements

Malgré cet échec, Wilberforce continuera de persévérer pendant quelques années. Le 2 avril 1792, le bill d’abolition est adopté, il voit une réussite potentielle. Or, une ombre plane au tableau. En effet, à cette loi, Henry Dundas y ajoutera via un amendement le mot « graduel« . L’abolition devra être mise en œuvre graduellement de manière à être achevée en 1796. À partir de cette date, l’abolition graduelle de l’esclavage dans les colonies britanniques commencera. Ce fut très long et à un moment les abolitionnistes se rendront à l’évidence, il n’y aura finalement pas d’abolition.

En 1794, William et Pitt sont brouillés, la cause étant la question sur la guerre avec la France. Alors que l’un la soutenait, l’autre était contre. C’est seulement en 1797 qu’ils se réconcilient après le coup du fructidor. En effet, cette action mènera au pouvoir en France les partisans de la guerre.

Wilberforce ne chôme pas. En attendant sa réussite sur l’abolition, il s’investira dans d’autres causes comme la société biblique et la société pour l’amélioration de la condition des pauvres. En 1797, il publie A pratical View of the Prevailling Religious System of Professed Christians. Un livre qui restera populaire et sera traduit en 1820 par Benjamin Sigsmond Frossard, un abolitionniste de la première heure et ancien doyen de la faculté de Montauban sous le titre : le christianisme des gens du monde mise en opposition avec le véritable christianisme. Ce livre est un plaidoyer en faveur de la théologie du réveil. De plus, il est ajouté aussi quelques conseils adressés aux responsables politiques qui veulent exercer leur vocation terrestre en rapport avec leur vocation céleste. La même année, William ce mari avec Barbara Ann. Il a trente sept ans et auront ensemble six enfants.

Changement de politique

Il y a un renouveau quand Napoléon accède au trône. L’esclavage est rétabli dans les colonies françaises en 1802, il est alors de bon ton de vanter le libérationisme anglais face au despotisme de l’usurpateur. Ainsi, deux ans plus tard, la société pour l’abolition de la traite des noirs se reforme. Wilberforce repart à l’assaut du gouvernement.

Pendant vingt ans, il agite le pays, parle dans des meetings, provoque l’intention de la presse et stimule les écrivains. Divers ouvrages sont publiés dont une lettre aux électeurs et aux habitants du Yorkshire au sujet de la traite. De part, son éloquence, ce sont des discours remarquables qui sont prononcés. Il présente sa proposition, écrit et fait écrire sans relâche. Sa correspondance incessante et ses démarches personnelles ne s’interrompent jamais. Il s’adresse également sans distinctions aux ministres, aux chefs d’opposition et aux ecclésiastiques. Son combat premier est, l’esclavage, mais pas que, en effet, il reste sensible aux misères qui l’entourent. Le quart, voir le tiers de son revenu est consacré à des œuvres de bienfaisance.

Le 23 février 1807, le Parlement adopte l’abolition act qui fut signé par le roi le 25 mars. Cette traite est alors abolie en Grande-Bretagne. Ce sont cinq cent mille êtres humains alors principalement employés comme esclaves dans les plantations de sucre des colonies britanniques qui sont libérés sous son impulsion. Cependant, il n’arrête pas pour autant sa bataille. Il continue à travailler au contrôle de l’interdiction de la traite britannique, mais aussi à son extension aux autres pays européens.

Représentation de la première page du bill d'abolition
Première page du Bill d’abolition. Source: www.joh.cam.ac.uk

La victoire

Le combat de Wilberforce continuera pendant encore quelques années. De par sa persévérance, il mènera des actions pour atteindre son objectif, mais après 1815, le gouvernement crée des problèmes pour améliorer la vie des esclaves. Il milite alors donc fortement en faveur de son émancipation. Huit ans plus tard, il publie un appel à la religion, la justice et à l’humanité des habitants de l’empire britannique pour les esclaves noirs aux Caraïbes. D’ailleurs, la publication coïncide avec la fondation de la Society for the mitigation and gradual of slavery, la société pour l’abolition graduelle de l’esclavage. Celle-ci est présidée par Thomas Fowell Bugston qui succédait à Wilberforce comme porte-parole de la cause abolitionniste. Au Parlement, il influencera le débat qui conduira dix ans plus tard à l’adoption de l’émancipation du bill. Celle-ci décidait l’abolition graduelle de l’esclavage dans les colonies. Nous sommes le 29 juin 1833.

William Wilberforce meurt le 29 juillet 1833 à l’âge de soixante-quatorze- ans à Cadogan Place, dans la ville de Londres. Pendant quarante ans, il se sera battu pour l’abolition. C’est comme s’il attendait d’avoir mené à bien cette quête pour mourir. Il est enterré dans le transept nord de l’abbaye de Westminster à côté de son ami William Pitt.

Cinq ans après la mort de leur père, ses fils Robert et Samuel publièrent une biographie en cinq volumes. Une collection de ses lettres vit aussi le jour en 1840. Mais ce livre fut réfuté par Thomas Clarkson. En effet, les deux hommes accentuaient les actions en peignant un portrait légèrement mythique de leur père. D’après eux, il aurait été le principal artisan de la démarche alors que dans les faits, il est à la même échelle que d’autres qui ont participé à cette création. Finalement, à la suite du livre de Clarkson, les deux fils se sont excusés et retirèrent certains passages controversés dans la nouvelle édition.

Représentation d'une photo de Thomas Fowell Bugston.
Photo de Thomas Fowell Bugston. Eliott et Fry.

Hommages à William Wilberforce

Que ce soit sa vie ou son travail, de nombreuses adorations au Royaume-Uni ou ailleurs lui ont été faites. Ainsi, en 1840, une statue crée par Samuel Joseph fut érigée dans l’abbaye où il repose. Celle-ci porte une épitaphe louant son caractère chrétien et son long travail pour abolir la traite négrière et l’esclavage. Quelques années auparavant, en 1834, une souscription publique fut organisée à Hull. Cet engagement servira à financer le Wilberforce Monument. Cet édifice est une colonne dorique de trente et un mètre avec sa statue au sommet. Elle se trouve sur le terrain du Hull college. L’année précédente, la Wilberforce Memorial School for the Blind fut établie à York.

Il y aura d’autres commémorations. Par exemple, en 1903, la maison natale de Wilberforce fut rachetée par la ville et ouverte après une restauration. Elle devint le premier musée britannique sur l’esclavage. Plus récemment en 2006, l’université de Hull fonde le Wilberforce Institute for the Study of Slavery and Emancipation dans un bâtiment à proximité de sa maison natale. Je n’ai écrit là, que quelques hommages, mais il y en a d’autres.

Enfin, dans le film Amazing Grace de Michael Apted, crée en 2006, William Wilberforce inspire le personnage central. Le titre de cette œuvre vient du célèbre hymne anglican que, John Newton à composé. Création datant de 1748 lorsqu’il fut touché par la grâce. En effet, lors de cette année Newton est prit dans une tempête. Il crut périr. Alors, il abandonna la traite des esclaves noirs pour devenir prêtre anglican et partisan de l’abolition de l’esclavage.

Représentation de la jacquette du dvd de Amazing Grace.
Jacquette du DVD de Amazing Grace. 2006. Source: bol.com

Conclusion

En définitive, la relation entre Thomas Clarkson et William Wilberforce fut très productive. Elle était qualifiée de l’une des plus grandes relations de l’Histoire. Sans le travail des équipes du premier et la campagne parlementaire du deuxième, l’abolition n’aurait pas été obtenue. Wilberforce avait une persévérance à toute épreuve qui l’a permis d’être considérè comme un héros chrétien et un homme d’état saint. De plus, il était vu comme un exemple pour son application de la foi dans ses activités. D’ailleurs, John Wesley dans une lettre datée du 24 février 1791 l’avertissait de la difficulté de la bataille. Il lui prodiguait aussi des encouragements qui lui a permis peut-être, de ne jamais baisser les bras :

À moins que Dieu ne vous ait suscité pour cette besogne, vous serez usé par l’opposition tant des hommes que des diables. Mais si Dieu est pour vous, qui peut être encore contre vous ? Est-ce que tous sont ensemble plus fort que Dieu ? Oh, ne vous lassez pas de bien faire ! Continuez, au nom de Dieu et avec la puissance de sa force, jusqu’à la disparition de l’esclavage même américain. (le plus vil, jamais, apparu sous le soleil.)

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